Dans un monde, où la médecine ne cesse d’évoluer, vous vous réveillez enfermé dans une cellule
d’un laboratoire. Par chance, tout le monde n’a pas été complètement annihilé par le désir croissant
des populations occidentales de contrôler leur santé et de repousser les limites de leur finitude. Et,
alors que les scientifiques et les managers du laboratoire sont convoqués par le directeur du laboratoire
Xenor pour discuter des prochains essais humains de transgénèse, c’est le moment que Clothilde, opératrice
réseau choisit pour vous aider à vous échapper. Il faut dire que Clothilde n’est pas née de la
dernière pluie, elle a été formée à l’EPITA, la plus grande école d’ingénieur en informatique de l’Univers.
Issue de la promo 2026, elle est la dernière épitéenne encore en vie à ce jour... En effet en 2052,
les dirigeants des plus hautes sphères de la planète se firent pour mission d’éliminer tous ceux qui
pourraient nuire à leur projet et la trop grande place de l’éthique chez les épitéens avait conduit à une
forte diminution du nombre d’Alumni. Clothilde était une autre personne à l’époque, elle ne souciait
guère des droits humains. Mais là s’en était trop ! Sans trop de difficultés, elle parvient à passer toute
la sécurité du système et à vous libérer de votre cellule.
Malheureusement, le laboratoire est hautement sécurisé et il vous faut encore sortir du bâtiment
pour vous échapper. Pas de panique, Clothilde devrait pouvoir vous aider à distance, à moins que ses
compétences en cybersécurité ne se soient un peu rouillées à force de nettoyer la salle de serveurs du
laboratoire.
Vous et votre camarade recherchez la sortie du laboratoire afin de gagner votre liberté. Croyez-nous,
ce ne sera pas une mince affaire, ce laboratoire regorge de portes et chaque porte est verrouillée par
une énigme, car cela « stimule la créativité des employés » et les monstres issus d’expériences ratés que
Clothilde a malencontreusement libéré en tentant de vous aider ne vont pas vous simplifier la tâche...
Saurez-vous vous évadez de ce laboratoire infernal ?... Dépêchez-vous ! Le temps presse, les scientifiques
peuvent revenir d’un instant à l’autre !
Conclusion de l’histoire
Vous parvenez enfin à vous échapper, mais lorsque vous poussez la porte de la sortie vous ne trouvez
pas la lumière puissante et la douce chaleur du soleil qu’il vous a semblé apercevoir par les fenêtres
du labo mais bien la lumière blafarde d’une salle éclairée aux néons. Vous êtes dans une nouvelle salle
de laboratoire carrelé de carreaux blancs sans vie qui vous oppresse, seulement, vous n’êtes pas seul...
Clothilde est là ! Vous vous sentez tout de suite rassurés. Une sorte de vague de chaleur et de bien-être
vous envahit. « Ramenez-les à leurs cellules. » Quatre gardes que vous n’aviez pas vu jusqu’à présent
s’avancent et vous saisissent vous et votre compagnon par les bras. Vous vous laissez faire, trop choqué
pour réagir...
Clothilde qui vous a pourtant aidé à vous échapper ordonne maintenant votre retour à l’incarcération.
On vous retourne face à la grande porte que vous venez de prendre, vous apercevez deux écran numérique
affichant respectivement « Crésus : Clone n°397 » et « Crésus : Clone n°398 » ainsi que deux
notes très détaillées. Au-dessus de la porte se trouve le logo de Xenor, en dessous un slogan : « Avec
Xenor, négationnez la mort ». Vous comprenez alors que Clothilde ne vous aidait pas à vous échapper
mais évaluait simplement vos capacités.
En réalité, il y a quelques années de cela, le laboratoire Xenor avait réussi à comprendre où se
situait la conscience de l’Homme et à la déplacer d’un corps vers un autre, proposant ainsi aux hommes
fortunés de pourvoir s’offrir une seconde jeunesse. La note que vous avez vu sur l’écran ne sert en fait
qu’à définir quel clone a les meilleures capacités pour définir lequel accueillera la conscience du client.
Intentions/Visée de réflexion du scénario
Notre but ici est de faire réagir, de choquer le joueur pour le faire réfléchir. Que ce soit par la
croyance en une vie après la mort, une réincarnation ou autre, ou bien par la science, l’Homme cherche
depuis toujours à trouver une solution à sa finitude. En effet, c’est bien là la vocation de la médecine :
de repousser cette échéance qui caractérise l’être humain ; tout faire pour éviter notre fin ou en tout
cas de la repousser au maximum.
Et on voit d’ailleurs chaque jours ses succès ! Prenons un exemple qui peut a première vue sembler
anodin : si vous êtes né par césarienne, il y a quelques dizaines d’années, vous et votre mère seraient
inévitablement morts. De nombreuses maladies autrefois mortelles sont désormais sans importance.
On peut même guérir d’un cancer s’il est détecté assez tôt !
Et pour repousser sa fin, l’Homme est prêt à tout, car le temps est sa ressource la plus chère car
fatalement limitée.
Depuis quelques siècles maintenant, les philosophes tentent de caractériser notre conscience. Les
scientifiques tentent-eux de comprendre ce qu’elle est et où elle est située dans le cerveau. Sommes-nous
ancrés à notre corps ou notre âme est-elle volatile ? Pouvons-nous comme le laisse entendre certains
sortir de notre enveloppe charnelle ?...
Imaginez maintenant que l’on réussisse à définir, situer et transplanter notre conscience dans un autre
corps. Ce serait là, la fin de la finitude. Une grande question morale apparaîtrait alors sur le droit
moral de l’Homme à transplanter sa conscience dans le corps d’un autre.
De la même façon que les premières chirurgies, les premières greffes ont soulevée de nombreuses questions
morales sur leur bien-fondé. La différence réside ici dans le consentement. Mais lorsque l’on parle
de réaliser des greffes de porc sur l’homme, il n’y a pas de notion de consentement. Lors des essais
cliniques, on ne demande pas non plus leur avis aux souris.
Le but n’est pas de remettre en cause toutes ces pratiques, loin de là, mais plutôt de se questionner
sur les limites. Jusqu’où pouvons-nous aller ? Est-ce que la vie éternelle est une raison suffisante pour
« cultiver » des êtres humains pour y implanter sa conscience ?
Mais une chose peut être sûre, si cela s’avère possible, et même si c’est interdit, les plus fortunés
pourront se l’offrir. Il existe bien un trafic d’organes, un trafic d’esclaves, alors pourquoi pas un trafic
d’humain à destination de transplantation de conscience ?
Transplanté sa conscience dans un autre pourrait devenir au fil des ans aussi banal que de prendre un
médicament...
Et si l’on créait un clone de nous-même pour y implanter sa conscience ?... Serait-ce plus moral ?
Nous voulons faire réfléchir sur ce qu’impliquerait la vie éternelle par transplantation de conscience
et sur le bien-fondé de notre volonté de combattre notre nature en repoussant toujours plus les limites
de la mort... Où doit-on s’arrêter ?